Les recommandations actuelles de la société suisse de pédiatrie sont claires : elles indiquent de faire dormir bébé sur le dos, pour limiter le risque de la mort subite du nourrisson (Jenni et al, 2013).
Ces recommandations sont en vigueur en Europe et aux États-Unis depuis les années 1990. Depuis lors, on constate une nette diminution du nombre de morts subites du nourrissons mais également une augmentation du nombre de plagiocéphalies (tête plate) : cette affection touche actuellement un tiers des bébés à l’âge de 6-8 semaines. (Ballardini et al., 2018/Mawji et al.,2012).
Les causes de la plagiocéphalie sont multifactorielles (espace in-utéro, mode d’accouchement, torticolis…) mais les positions dans lesquelles le bébé passe ses premières semaines de vie sont également très importantes.
Les professionnels constatent que les parents ont parfois peur d’installer les bébés sur le ventre. Pourtant, en phase d’éveil, il n’y a aucun danger à positionner votre enfant sur le ventre. Au contraire, il est recommandé de l’allonger en position ventrale dès les premiers jours de vie pour favoriser son éveil et sa motricité. C’est aussi une des meilleures prévention contre les plagiocéphalies.
Les nouveaux-nés passent une majeure partie de la journée à dormir : dans leur lit, dans la poussette, dans le siège auto…Pendant toutes ces heures, votre enfant est positionné sur le dos. Si lors de ses phases d’éveil, votre bébé reste encore allongé dans un transat ou une balancelle, le risque de plagiocéphalie est multiplié. Au-delà de la tête plate, votre enfant a besoin de varier les positions (sur le côté, sur le ventre, sur le dos) lorsqu’il est éveillé pour bien développer sa motricité. La position ventrale lui permettra de muscler son cou, son dos, ses épaules et ses bras. La motricité globale des bébés et notamment le déplacement à 4 pattes se construit à partir d’une position allongée sur le ventre, dès les premiers mois de vie.
Au fil des semaines, vous verrez l'évolution motrice de votre bébé. Il tiendra sa tête de mieux en mieux, ses sens vont s’éveiller et il va s’intéresser à ce qu’il se passe autour de lui. En étant allongé au sol, il expérimente une multitudes de petits mouvements avec sa tête, ses bras, et tout son corps pour s'orienter vers les jouets qui l'intéressent. En grandissant, il va prendre conscience qu’il peut bouger, rouler, se tourner d’un côté et de l’autre, puis se déplacer.
Rassurez-vous, dans les premières semaines de vie aucun bébé n’aime être sur le ventre ! Les premières fois, votre nouveau-né ne pourra rester que quelques secondes la tête relevée. Votre présence à ses côtés est nécessaire pour l’aider à maintenir sa tête et à le retourner dès qu’il fatigue.
Mais en l’habituant dès les premières semaines de vie, il apprivoisera peu à peu cette position.
Commencez par l’allonger sur le ventre quelques secondes, puis quelques minutes plusieurs fois par jour. Les recommandations sont de répéter des phases de 5 à 10 minutes 3-4 fois par jour (Children’s Healthcare of Atlanta).
Partez d’une position sur le dos, puis tournez-le doucement. Non seulement il est moins surpris, mais en plus vous lui enseignez déjà à se retourner.
- Installez un miroir au bout de la table à langer et positionnez-le sur le ventre à chaque changement de couche
- Allongez-le sur une surface ferme et légèrement inclinée
- Aidez-le à positionner ses bras, de façon à ce qu’il repose sur ses avant-bras, ou placez un linge/un coussin sous ses aisselles pour le surélever.
- Allongez-vous au sol pour interagir avec lui ou le stimuler avec un jouet
-Couchez-vous sur le dos et installez votre bébé à plat ventre sur vous. Il voudra vous voir et relèvera la tête.
Si vous remarquez que votre enfant est systématiquement dans une posture asymétrique (tête toujours tournée du même côté, une seule main vient à la bouche, etc.), ou que vous avez des inquiétudes quant au développement moteur de votre bébé, n'hésitez pas à en parler au pédiatre qui suit votre enfant. Après vous avoir interrogé et avoir réalisé un bilan moteur complet, il vous enverra si nécessaire consulter un physiothérapeute.
Références :
- O. Jenni, H.U. Bucher, L. Gosztonyi, I. Hösli, S. Honigmann, M. Sutter et C. Aeschlimann. (2013) Bedsharing et mort subite du nourrisson : recommandations actuelles. Peadiatrica.
- Haute autorité de santé (France, 2020) : Prévention des déformations crâniennes positionnelles et mort inattendue du nourrisson. Recommandation de bonne pratique.
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